Mohamed Hakim SOUFI

Présentation

Hakim Soufi est le jeune PDG de la compagnie d’assurances privée Macir Vie. Il est aussi le vice-président de l’Union des assureurs algériens (UAR).
« Ça ne vous dérange pas si je m’exprime à ma façon ? », Hakim Soufi parle jeune, vrai, cash, tutoie très vite et s’excuse quand il se perd en circonvolutions. À 39 ans, le PDG de Macir Vie fait partie du cercle – très fermé – des jeunes patrons dynamiques et sympas. Il aurait tort de ne pas l’être. Jusqu’ici tout lui sourit. Parcours sans encombre ? Trop facile d’y croire. La réalité est autre.

Les premières années de sa vie, Hakim Soufi les passe à Blida. Élève à la mission française Jules Ferry, il intègre à la fin des années 80 le lycée René Descartes à Alger. Et fait l’aller-retour tous les jours, en pleines années de sang, entre la capitale et la maison familiale, où il « baigne dans l’amour parental » selon ses propres mots. « Mon père nous a épargné ses souffrances » confie-t-il la voix empreinte d’admiration.
Ambitieux, le lycéen se lance un double défi pour son année de terminale : décrocher le baccalauréat français, et le diplôme algérien qu’il passe en candidat libre. Défi relevé. Puis il s’inscrit en droit pour faire « l’IHEI à Genève en Suisse, comme Kofi Annan ». Mais les études coûtent cher et Hakim Soufi se rabat sur l’ENA, l’École nationale d’administration d’Alger. Il réussit le concours, évidemment. Un tournant. « C’est une école pour la vie et une école de la vie », dit-il encore aujourd’hui. Il intègre la 33epromotion, sort diplômé en 1999 en administration locale. « Tous mes professeurs étaient magnifiques » se rappelle-t-il.

L’internat l’endurcit. L’année où il intègre l’école, Mohand Mokhbi, le directeur des stages, vient de se faire assassiner par des terroristes. Tout le corps administratif se sait menacé. Cette boule au ventre, au quotidien, renforce la conviction des futurs énarques. Ils sont dépositaires d’une mission : maintenir un État fort. « Nous nous savons récipiendaires des règles de droit administratif. Programmés pour respecter les règles quoi qu’il nous en coûte », insiste Hakim Soufi.

Ses stages le mènent à la wilaya de Blida, à l’ONAT, à la Compagnie centrale de réassurance… « Puis je me retrouve au service du personnel de Ould Alay, Secrétaire général à Ouled Yaïch (près de Blida), raconte-il. J’ai demandé ma mise en disponibilité. » À la même époque, son père, son héros, qu’il appelle « Monsieur Soufi », crée la Compagnie Internationale d’Assurances et de Réassurance (CIAR). Le jeune Hakim travaille à ses côtés. « Il m’a fait démarrer à la livraison » sourit-il. Le garçon est brillant, l’évolution rapide.

En 2011 quand la loi impose la séparation des branches dommages et personnes, le jeune homme va voir son père. Je le supplie, je lui dis : « Je me sens prêt pour prendre la branche personnes. S’il te plaît, donne-moi cette chance ». Une fois « Monsieur Soufi » convaincu, il faut encore obtenir l’aval de la Direction générale du Trésor (DGT) qui doit valider les dossiers des PDG. « C’est le DG de la CIAR et non mon père qui m’y emmène, se souvient Hakim Soufi. Je rencontre Monsieur Baba Ami, le responsable. Un rendez-vous marquant dans ma vie. Il me dit : « Tu es jeune, diplômé, tu es capable de le faire ». Le voilà propulsé à la tête de la nouvelle entité, filiale de la CIAR, première compagnie d’assurances à capitaux privés. 256 millions de capital au départ qu’il fait augmenter à un 1,1 milliard, comme l’exige la loi. Macir Vie réalise la plus belle progression de bénéfices en 2014, avec une hausse de 57%. Les chiffres, d’ailleurs, c’est son dada. L’homme est capable de citer de tête les statistiques de son entreprise. Et celles de ses concurrents.

Passionné, Hakim Soufi raconte que l’assurance a été une véritable révolution pour lui. Sa définition du métier ? Se battre pour ses clients, préserver l’humain avant tout, faire en sorte que les contingences matérielles ne soient plus qu’un détail. Il lui arrive de gérer personnellement des dossiers, par téléphone, quand urgence il y a. Comme ce jour où il demande l’accélération de la prise en charge d’un couple tout juste devenu parent. « Au fond, je suis un gros dur au cœur tendre », explique-t-il.

Vice-président de l’UAR, l’Union algérienne des sociétés d’assurances, Hakim Soufi a aussi noué pour son entreprise un partenariat avec la Fédération algérienne de football. Macir Vie en est un sponsor majeur depuis fin 2013. « Raouraoua fait confiance aux jeunes », assure-t-il.
Dans son bureau, le fanion de l’équipe d’Algérie côtoie son diplôme de l’ENA, une bouilloire rouge et un bouquet de roses. Dans son dos, un immense tableau acheté à la galerie Linihel à Kouba. Des versets du Coran, de toutes les couleurs, « Je revendique mes valeurs arabo-musulmanes », explique-t-il. Fervent croyant, il se reconnaît dans le triptyque « Dieu, la famille, le travail ».

Il est aussi l’un des rares PDG connectés. De son MacBook, il gère sa présence surFacebook et Twitter. Clin d’œil à son parcours lycéen, Soufi modernise la philosophie de Descartes dans sa biographie tweeter : « Je pense donc je tweet ». Il parle en hashtags. « Je suis assez geek en fait, du genre à aimer Starwars », sourit-il. Cet ancrage numérique, il essaye de l’imposer chez Macir Vie. Ne jamais se laisser dépasser. Voir toujours plus loin. L’indécrottable optimiste y croit. Pour lui, pour son entreprise, pour son pays. « Je veux que l’Algérie devienne le Dubaï de l’Afrique » répète-t-il.